Partons à la rencontre d’Axel, fan de grimpe, cherchant à œuvrer pour le bien commun et à se dépasser constamment. Pour lui, un échec, c’est la perspective d’apprendre autre chose. Via son entreprise Spixara, il cherche à aider les entrepreneurs à entrer dans une démarche éco-responsable.

ADL : comment en êtes-vous arrivé à la création de Spixara ? 

A. T. : Tout a commencé par une série de remises en question… À l’origine, j’étais passionné par l’astrophysique, mais les circonstances m’ont orienté vers la climatologie. Après mes études, j’ai enchaîné les expériences en entreprise : start-ups, puis gestion d’équipe dans une multinationale. Un parcours classique, mais qui a fini par révéler un décalage profond avec mes valeurs.

La rencontre avec ma compagne, maraîchère engagée, a été un électrochoc. Son quotidien, ancré dans le concret et le respect du vivant, contrastait radicalement avec mon univers professionnel. Parallèlement, mes escapades en escalade – une passion qui me suit depuis des années – me confrontaient directement aux bouleversements climatiques : glaciers qui reculent, saisons qui se dérèglent, biodiversité qui s’efface…

Un jour, le déclic est venu : je voulais que mon travail ait un impact tangible, utile aux autres. Alors j’ai osé sauter le pas. Démission, déménagement… J’ai quitté Namur pour m’installer avec elle à Tintigny, dans cette campagne où le temps semble respirer autrement. Ici, entre forêts et prairies, j’ai trouvé l’espace pour repenser mon métier.

C’est comme ça qu’est né Spixara : une activité où je conjugue mes compétences techniques et mon engagement écologique. Je conçois des sites web low-tech – hébergés sur des serveurs verts, avec un code minimaliste pour réduire leur empreinte carbone. Je réalise aussi des vidéos pour mettre en lumière des entreprises qui agissent pour la transition, et j’interviens en conférence pour partager des données scientifiques… mais toujours en les ancrant dans le réel, comme ces récits de producteurs locaux qui subissent déjà les effets du réchauffement.

Aujourd’hui, chaque projet est une façon de « réparer le monde » à mon échelle. Le numérique peut être un outil de sobriété, pas juste de consommation. Et si mes choix de vie – ce retour à la campagne, ce rythme plus lent – nourrissent ma créativité, ils me rappellent aussi que l’urgence climatique n’est pas une abstraction : c’est ici, maintenant, dans ce paysage que j’arpente en grimpeur et en citoyen.

ADL : D’où vient le nom « Spixara » ? 

A. T. : Mon nom s’inspire de l’ara de Spix, un perroquet au magnifique plumage bleu. Cette espèce avait totalement disparu de la nature il y a quelques années, mais grâce à quelques individus préservés en captivité et aux efforts humains, elle a pu être réintroduite dans son habitat sauvage. Une belle preuve que nous sommes capables d’actions positives pour l’environnement ! C’est précisément cette idée que je souhaite transmettre à travers mon entreprise.

ADL : Quels sont les services que vous proposez ? 

A. T. : Je crée des sites internet sur mesure pour les indépendants, et vous pouvez retrouver les références de mes clients sur ma page web. Je collabore avec la coopérative Infomaniak, basée en Suisse, reconnue pour son engagement éco-responsable. Contrairement aux autres structures qui renouvellent leurs serveurs tous les deux ans, Infomaniak les conserve en moyenne dix ans, limitant ainsi le gaspillage. De plus, elle récupère la chaleur des serveurs pour chauffer des centaines de foyers environnants. 

J’utilise des technologies peu énergivores, ce qui permet de créer des sites internet plus légers, avec une empreinte écologique réduite. Je peux aussi retravailler des sites existants, sans me limiter à mes propres créations. 

En parallèle, je réalise des vidéos pour les entreprises afin de mettre en avant leurs activités, leurs nouveautés et leurs spécificités. J’interviens également pour les particuliers, en capturant des moments uniques comme les mariages et autres événements. 

Enfin, je propose des ateliers et des conférences sur le climat, la raréfaction des ressources et les bouleversements environnementaux que nous traversons. Sur demande, je prépare des sessions d’information et de sensibilisation adaptées à ces enjeux. 

ADL : A qui se destinent vos services ? 

A. T. : Mes services se destinent principalement à des entrepreneurs qui souhaitent créer, renouveler leur site web ou faire des vidéos promotionnelles. Souvent, je travaille avec des personnes qui développent leur propre business ou avec des petites entreprises. J’aime beaucoup collaborer avec ces profils car je trouve qu'il y a un contact plus profond et sincère. 

Je cherche à bien comprendre leurs besoins et leurs attentes. Ça me permet de faire du travail qui est beaucoup plus représentatif par rapport à leurs objectifs. Mes services peuvent s’étendre dans toute la Wallonie et à Bruxelles étant donné que je travaille principalement de chez moi. Mon idée reste tout de même de travailler avec des entreprises plus locales ou avec un caractère humain très présent. 

ADL : Comment percevez-vous l’avenir ? 

A. T. : À l’avenir, en webdesign et en montage vidéo, mon objectif est de développer mon activité pour avoir une clientèle suffisante afin d’en vivre, tout en créant de vrais liens avec mes clients. Je ne cherche pas à « grossir », afin de préserver des échanges authentiques et constructifs, gages de qualité. 

Du côté « climat », je souhaite poursuivre mes conférences et, si possible, créer des synergies entre des personnes engagées dans la mise en place de solutions. J’aimerais aussi intégrer une équipe citoyenne active sur cette thématique et, idéalement, obtenir des subventions pour mener des actions concrètes et impactantes. 

ADL : si vous deviez résumer votre activité en 3 mots, quels seraient-ils ? 

A. T. : Créativité - perfectionnisme - climat. 

ADL : Avez-vous autre chose que vous souhaiteriez partager ? 

A. T. : À un moment de ma vie, je me suis interrogé sur ce que je voulais réellement pour moi et mon quotidien. Avec le recul, je réalise que cette réflexion m’a permis de privilégier la qualité plutôt que la quantité. C’est aussi cette approche que j’applique à mon travail. 

J’attache une grande importance à construire une relation authentique avec mes clients afin de répondre au mieux à leurs attentes. Pour moi, c’est l’essence même d’un travail bien fait.